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d’autant plus que nous la comprenons mieux. Se contenter d’observer ces phénomènes, sans essayer de remonter jusqu’à leur cause, me semble une prudence excessive. Je puis l’approuver dans la science spéciale des astres ; mais je la blâme en philosophie. L’astronome, se renfermant dans son rôle strict, peut bien ne pas s’élever plus haut que les faits eux-mêmes et que les lois qui les régissent. Mais le savant ne cesse pas d’être homme. Se résoudre à ne pas chercher le sens définitif et suprême de toutes ces merveilles, c’est abdiquer sa raison dans ce qu’elle a de plus essentiel ; c’est se mettre, en quelque sorte, en dehors de l’humanité ; car, au fond, ce que l’esprit humain demande à toutes les sciences qu’il crée et qu’il cultive, ce ne sont pas les services matériels qu’elles lui rendent ; c’est l’explication de plus en plus compréhensive de l’énigme du monde, dont l’astronomie est une des révélations les plus éclatantes.

Nous pouvons donc nous permettre d’aller un peu au-delà de l’astronomie, et ne pas nous en tenir trop étroitement aux scrupules de quelques savants de notre siècle. Newton, en terminant ses « Principes mathématiques de la philosophie naturelle, » n’a pas cru qu’il lui fût interdit de remonter jusqu’à la cause éternelle, infinie et toute-puissante du mouvement. Il semble que cet exemple est une