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mander, tout en acceptant cette première objection, d’où viennent les lois du mouvement, si puissantes, si régulières, inébranlables, éternelles. A cette nouvelle question, Laplace croit répondre par l’hypothèse de la nébuleuse, dont j’essaierai un peu plus loin d’apprécier la valeur ; mais je ne crois pas lui faire tort en disant qu’il repousse, dans l’organisation du monde et dans sa stabilité indéfectible, toute intervention et toute marque de la divinité.

C’est si bien sa pensée qu’il repousse aussi toute idée des causes finales. « Quelques partisans des causes finales, dit-il, ont imaginé que la lune était donnée à la terre pour l’éclairer pendant les nuits. Dans ce cas, la nature n’aurait point atteint le but qu’elle se serait proposé, puisque souvent nous sommes privés à la fois de la lumière du soleil et de celle de la lune i [1]. Laplace indique donc la disposition relative dans laquelle la lune aurait dû être mise originairement avec le soleil, pour que toutes les nuits de la terre sans exception fussent éclairées. Sans contredit, tout cela est vrai ; reculée quatre fois plus loin de la terre, et en opposition avec le soleil dans le plan même de l’écliptique, XCVII

  1. Laplace, Exposition du système du monde, Tome II, pages 94 et 400, édition de 1824. Page 380, Laplace revient lui-même, ce semble, à cette idée fort probable que la lune est faite pour éclairer nos nuits. »