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nécessairement exposée à laisser de côté bien des phénomènes, quelque pénétrante qu’elle soit. On ne peut pas parcourir toute la carrière d’un seul pas, même lorsqu’en l’ouvrant, on ne s’est pas trompé, et qu’on a tracé aux autres une voie parfaitement sûre. Ne soyons point surpris qu’Aristote n’ait pas tout su, même en usant, aussi bien que qui que ce soit des vrais procédés de la science. Nous-mêmes pourrions-nous nous flatter de savoir tout, et de n’avoir plus rien à apprendre ? Qui aurait cet excès d’orgueil ? En enregistrant les progrès qui chaque jour se réalisent sous nos yeux, pouvons-nous supposer un instant que ces progrès doivent s’arrêter à nous ? Pourquoi les siècles à venir seraient-ils plus déshérités que le nôtre et que le passé ? Tout récemment, les explorations de la profondeur des mers ne nous ont-elles pas démontré une fois de plus que la Nature est inépuisable ? Ne pensons-nous plus avec Pascal que « notre imagination se lassera plutôt de concevoir que la Nature de fournir » ? Soyons donc indulgents pour nos ancêtres, afin que nos successeurs le soient pour nous ; respectons-les pour être respectés à notre tour.