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plongées dans le chaos ; les plus lourdes ténèbres pèsent sur les esprits, en toutes choses, si ce n’est peut-être en théologie ; l’histoire naturelle ne peut pas renaître, plus que les autres sciences, au milieu de ces débris et de ces agitations. Mais, comment s’est-il fait que la Grèce, dans les cinq siècles qui s’écoulent d’Aristote à Galien, ait été inféconde et muette presque autant que le Moyen-âge ? Comment cette question de la génération a-t-elle été oubliée ? Comment l’embryologie, si solidement inaugurée, a-t-elle disparu ? Comment une telle science a-t-elle été négligée, soit à Alexandrie, soit à Rome, comme elle l’était par Athènes elle-même ? C’est là ce que nous avons peine à concevoir. Mais le fait est indéniable. Il ne s’explique que d’une seule façon : Aristote, grâce à son incomparable génie, a été tellement en avant de ses successeurs, même d’Erasistrate et d’Hérophile, que personne n’a pu suivre ce pas gigantesque, et que la carrière, si largement et si glorieusement ouverte, est restée fermée. L’esprit humain n’a repris sa marche, et n’a pu l’assurer, que deux cents ans environ après la Renaissance