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sorties des objets eux-mêmes. C’est là à peu près aussi la théorie de Démocrite. Mais on ne peut pas soutenir avec lui que la vue ne soit qu’un miroir ; car alors pourquoi tant d’autres objets ne verraient-ils pas comme l’œil ? On peut bien admettre avec Démocrite que la vue est de l’eau ; mais il faudrait ajouter que ce n’est pas en tant que la vue est de l’eau qu’elle peut voir, c’est en tant que l’œil est diaphane. D’autres philosophes ont soutenu que la lumière sortait de l’œil, et qu’à distance elle se combinait avec la lumière extérieure. Mais pourquoi cette combinaison ne se ferait-elle pas dans l’intérieur même de l’œil ? Et qu’est-ce d’ailleurs qu’une combinaison de lumière ? Au vrai, la vision n’est causée que par le mouvement du milieu qui est interposé entre l’œil et l’objet, lequel milieu doit toujours être éclairé. Le dedans de l’œil est diaphane, afin de pouvoir recevoir la lumière du dehors. Des faits le prouvent d’une manière incontestable : on a vu des blessures reçues près des tempes provoquer une cécité instantanée et complète ; on aurait dit alors d’une lampe éteinte à l’intérieur, parce que les pores des yeux avaient été lésés. Ainsi l’on peut admettre que la vue est de l’eau ; l’ouïe sera de l’air ; l’odorat, du feu ; le toucher, de la terre ; et le goût se confond