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la paupière, on voit du feu et des étincelles. Mais on n’a pas assez compris que c’est le mouvement seul qui, en divisant en quelque sorte l’œil, y cause ces apparences. Mais l’œil pour cela n’est pas de feu ; car si c’était là sa nature, on verrait ces étincelles même quand on le laisse en repos. De plus, si la vision se produisait parce que les rayons sortent de l’œil pour aller aux objets, comme l’ont cru Empédocle, et Platon dans son Timée, pourquoi ne verrait-on pas la nuit aussi bien que le jour ? Platon, pour répondre à cette objection, ajoute que dans l’obscurité la vue s’éteint après être sortie de l’œil. Mais c’est là une réponse parfaitement vaine. Qu’est-ce, en effet, que s’éteindre pour le feu ? C’est rencontrer un contraire, soit l’humide, soit le froid. Mais où est dans l’obscurité l’humide ou le froid qui doive éteindre le feu de la vue ? Ce sont là des phénomènes qui se rapportent aux corps ignés ; ils ne se rapportent pas à la lumière. Empédocle a si bien cru que la vision se produisait par des rayons sortis de l’œil, qu’il a comparé la vue à une lanterne qui, dans une nuit obscure, projette sa lumière et conduit le voyageur. Il est vrai qu’ailleurs Empédocle explique autrement la vision, et qu’alors pour lui elle est produite par des émanations