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Ainsi donc ce qu’on a dit de ce petit Traité de la Mémoire et de la Réminiscence, n’est pas moins vrai de l’histoire entière de la philosophie. Il y a en elle comme une masse flottante de vérités que le philosophe doit aujourd’hui connaître, sous peine de se mettre en dehors des traditions du genre humain, ce qui est presque dire en dehors du sens commun. Tel est l’admirable héritage que la philosophie française de nos jours essaye de recueillir par de patients labeurs qui ne sont pas près de finir. Si on les lui a quelquefois reprochés, c’est qu’on ne les a pas assez compris. On craint que dans cette revue du passé, la philosophie ne perde une partie de sa puissance et de son originalité. On lui conseille d’oublier ce qui l’a précédée, pour ne s’en remettre qu’à elle seule. Autant vaudrait conseiller à un fils de famille de se priver de la richesse de ses aïeux pour faire une plus rapide fortune. La philosophie, il est vrai, a souvent marché sans l’appui de l’histoire ; elle a fait d’immenses progrès sans demander de guides à la tradition. Mais est-ce à dire pour cela qu’elle ne dût rien à cette tradition qu’elle ignorait, et qu’elle méprisait même quelquefois ? Est-ce à dire que si le hasard l’a jusqu’à présent assez bien servie, la réflexion éclairée par l’expérience