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à prendre ; mais le philosophe ne les néglige jamais sans péril. S’il les oublie, il court grand risque ou de refaire inutilement ce que d’autres ont mieux fait avant lui, ou de s’exagérer ce qu’il vaut en ne rendant pas assez de justice aux autres, ou de se tromper en s’isolant dans son propre système. Sans les avertissements de l’histoire, ou il fait des efforts stériles, ou il conçoit un fol orgueil, ou il commet d’impardonnables erreurs, n’évitant pas même ces écueils à la condition du génie qui lui aussi a ses lacunes et ses faiblesses.

C’était le sentiment confus de ce devoir qui a porté les grandes écoles de la philosophie antique à l’étude de l’histoire. Cette étude n’a point manqué à Platon, comme l’atteste assez la polémique instituée dans la plupart de ses dialogues. Il faut connaître ses devanciers pour les combattre. Les réfuter, c’est montrer encore qu’on sait ce qu’on leur doit. Pour Aristote, l’examen des théories antérieures a toujours fait une partie essentielle de ses propres travaux ; et ces controverses, si elles ne sont pas toujours aussi exactes et aussi profondes qu’on l’eût désiré, ont du moins le mérite de donner un exemple excellent. Plus tard, l’Éclectisme alexandrin s’est fait gloire de revenir au passé ;