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qu’il faille ignorer ni insulter le passé. Il faut au contraire l’étudier beaucoup, et à côté de cet inépuisable livre de la nature, toujours ouvert sous nos yeux, il est bon de feuilleter aussi les livres de ceux qui l’ont si bien interrogée avant nous.

J’ai donc de la peine à comprendre l’oubli à peu près complet où les philosophes, et même les physiologistes, ont laissé des ouvrages aussi vrais et aussi utiles que ces deux traités dont nous venons de parler ; et je me demande si ce dédain injuste est bien profitable à l’esprit humain, et s’il lui fait grand honneur. Sans doute les physiologistes peuvent faire avancer leur science sans connaître les travaux de l’antiquité. Les sciences naturelles ont fait depuis deux siècles d’immenses progrès ; et pourtant elles ignorent en général leur passé, tout illustre que ce passé peut être. Le savant n’est pas obligé d’être érudit pour être utile. Il prend la science au point où il la trouve, sans s’inquiéter d’où elle vient ; tout ce qui le préoccupe, c’est de la porter un peu plus loin. On dirait que les sciences sont comme la monnaie, que chacun emploie, sans que personne songe à savoir qui l’avait avant lui et par quelles mains elle a circulé. En philosophie, il en a été trop souvent de même ; et