Page:Aristote - Psychologie, trad Barthélemy Saint-Hilaire, 1847.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans les sciences morales, comme les observations sont plus individuelles, elles sont par cela même moins transmissibles ; et voilà comment l’on a pu si souvent opposer les merveilleux progrès des sciences naturelles à l’immobilité des sciences philosophiques. Pourtant cette immobilité n’est qu’apparente, comme devraient le prouver aux yeux les moins clairvoyants les progrès mêmes des sociétés humaines, et l’amélioration des lois qui les régissent. Pour les esprits éclairés et attentifs, les progrès des sciences morales sont tout aussi réels, tout aussi grands que ceux des sciences physiques. Mais ce qui est vrai, c’est qu’il se peut en philosophie que, sur quelques points, la vérité soit tout d’abord si pleinement connue, que les siècles n’y puissent plus rien ajouter. Dans l’étude des objets extérieurs, dans l’étude de la nature, la vérité n’est presque jamais aussi définitive ; et si elle s’accroît, c’est qu’apparemment elle n’est pas encore entière.

Ainsi, Aristote a pu tout ensemble être aussi instruit que qui que ce soit sur une question de psychologie et, dans une question d’histoire naturelle, en savoir bien moins que n’en ont su les physiologistes postérieurs. Il a pu en appliquant à ces deux études le même génie, la même