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l’étude de la mémoire ; aucun des points essentiels de la question ne lui a échappé : il les a tous vus, parce qu’il lui suffisait de rentrer en lui-même pour les y trouver tous sans aucune exception. Ce genre d’observation réflexive a sans doute d’immenses difficultés, des difficultés toutes spéciales, que souvent les intelligences les mieux douées sont incapables de vaincre ; mais le champ, une fois qu’on y a pénétré, peut être parcouru par un effort individuel ; le premier qui le cultive peut y faire la plus abondante récolte et ne laisser qu’à glaner pour ceux qui l’y suivent. Voilà comment Aristote a pu connaître si parfaitement ce qu’est la mémoire que Locke et Reid au XVIIIe siècle en ont su peut-être moins que lui. C’est encore ainsi qu’il a pu faire la logique tout entière d’un seul coup, et qu’il a mérité à deux mille ans de distance cette gloire singulière que le génie de Kant se soit retiré devant lui, sans vouloir ni le combattre, ni même le compléter.

Dans les sciences naturelles il en est autrement. Pour elles, l’esprit ne porte point dans ses profondeurs les objets de son observation. Il faut que l’homme sorte de lui-même pour connaître la nature. La conscience n’a plus rien à faire sur un domaine qui n’est pas le sien ; c’est