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nous l’avons trouvé inférieur à certains égards, malgré d’immenses mérites. Dans ces deux ouvrages cependant, sa méthode est la même, et il semble que les résultats qu’elle lui donne devraient être de part et d’autre également heureux. D’où vient donc qu’ils sont si dissemblables ? Ici une question à peu près épuisée ; là un système que l’on doit compléter, malgré toutes les vérités qu’il renferme ; ici un édifice achevé et qui ne laisse plus rien à faire, même aux mains les plus habiles et les plus délicates ; là au contraire un édifice qui, tout solide qu’il est dans ses fondements, a été cependant beaucoup accru et s’accroît encore tous les jours. Cette grave différence ne tient qu’à la différence même des matières. Les sciences morales et les sciences physiques ne procèdent point de la même façon, parce que les faits qui les constituent les unes et les autres ne se présentent pas non plus de la même façon à l’esprit humain. Pour la psychologie, l’homme porte en lui-même tous les phénomènes ; il n’a point à sortir de soi pour les connaître et les bien observer. On comprend donc qu’avec le secours d’un heureux génie, il soit possible à un seul observateur de découvrir et de constater tous les faits. C’est ce qu’Aristote a su faire pour