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les progrès qu’avait faits la médecine antérieurement au siècle d’Aristote. Les œuvres d’Hippocrate sont parvenues jusqu’à nous, et nous pouvons juger en pleine connaissance de cause ce qu’étaient dès lors les admirables conquêtes de la science. La médecine est forcée, l’on peut dire, d’observer les faits. C’est la vie même de l’homme qu’elle doit défendre. Elle n’observe point pour satisfaire une curiosité, légitime, sans doute, mais parfois assez stérile ; elle observe pour combattre et vaincre la maladie qui tue ; et la guérison est au prix d’observations qui bien souvent doivent être aussi rapides qu’infaillibles. L’homme n’ayant pas d’intérêt plus cher que sa propre existence, il n’y a pas de science qui ait dû se constituer plus vite que la médecine sur les véritables bases de toute science, c’est-à-dire sur l’observation exacte des phénomènes. Il faut ajouter que tous les moyens que cette science emploie, et tous les remèdes qu’elle prescrit à ceux qu’elle soulage, sont à peu près autant d’expériences. Les influences innombrables de temps, de lieux, de climats, d’idiosyncrasies, etc., multiplient les faits pour la patiente et sagace analyse qui les interroge ; et ce n’est que par des expérimentations mille fois répétées que la science acquiert