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écrite d’hier, tant elle résume avec précision et justesse le principe même de la méthode d’observation. Il n’est point de nos jours un savant qui puisse parler plus nettement ; et jamais Bacon ne s’est exprimé en termes aussi positifs :

« Il ne suffit pas, dit Aristote, de poser un principe d’une manière universelle, à l’aide de la seule raison ; il faut encore en montrer l’application à tous les faits particuliers et aux faits observables, qui eux-mêmes doivent nous servir à fonder des théories générales, et avec lesquels ces théories doivent, selon nous, toujours s’accorder. » (Ch. I, § 3.)

C’est donc des faits qu’il faut partir pour s’élever aux théories ; puis, afin de vérifier la vérité du principe, une fois qu’il est admis, on doit voir s’il s’applique aux faits particuliers. Tel est le double mouvement de la méthode d’observation que Platon avait déjà signalé (Rép. VI, p. 62, et Phèdre, p. 97, trad. de M. Cousin), et que le génie de Laplace croyait le privilège de l’astronomie depuis les découvertes de Newton (Exposition du Système du Monde, ch. 1). Cette méthode, la voilà tout entière dans Aristote, plus claire qu’elle n’est dans Platon, et tout aussi complète qu’elle peut l’être au XIXe siècle.