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l’intelligence même. Aristote n’est point un artiste à la manière de Platon ; il n’a ni sa liberté ni sa grâce inimitables ; il n’a pas même autant que lui le pouvoir d’éclairer et de convaincre les esprits. Mais ses mérites, pour être moins brillants, n’en sont pas moins réels. L’ordre et la régularité n’ont jamais été portés plus loin ; et c’est l’ordre qui fait la véritable et solide clarté dans les sciences plus encore que dans la philosophie. C’est par là qu’Aristote mérita d’être, au moyen âge, le précepteur de l’esprit humain. La forme du péripatétisme a fait son triomphe et son utilité autant que ses doctrines. Cette forme est austère ; mais la science peut l’être : cette forme est impérieuse même, mais elle recouvre une pensée digne du commandement. Il ne faut pas s’étonner de la domination souveraine qu’Aristote a exercée si longtemps ; tout l’explique et la justifie. Son génie personnel n’a été inférieur à aucun autre ; et les instruments qu’il a su se créer n’ont pas été moins puissants ni moins admirables que son génie. Avec de telles armes, il est tout simple qu’il ait vaincu à bien des égards, même sans avoir pour lui le bénéfice des siècles, tant de physiologistes, tant de psychologues, réduits aux seules ressources de leur science spéciale.