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XXIV
PRÉFACE

lenteur à rappeler les idées qu’elle a en dépôt. Mais ce ne sont là que des détails, et l’on pourrait presque dire, des curiosités, qui ne touchent pas au fond même du sujet, et dont Locke a donné le trop facile exemple à ses successeurs. Il a distingué aussi la réminiscence de la mémoire ; mais si l’on n’avait point présentes à la pensée les différences profondes qu’Aristote a creusées entre les deux, il serait à peu près impossible de comprendre nettement ce que Locke en a dit. Locke, en sa qualité de médecin, ne pouvait manquer de reconnaître l’influence du corps sur la mémoire. Mais, en ceci même, il est fort loin du philosophe grec : il hésite dans ses affirmations, bien que les faits soient évidents et mille fois observés. Il trouve seulement « probable que la constitution du corps a quelquefois de l’influence sur la mémoire. » Enfin Locke pense que les animaux ont de la mémoire ; et, sans faire aucun discernement, il va presque jusqu’à dire que cette faculté est identique en eux et dans l’homme.

Il est à peine besoin de faire remarquer combien cette théorie de Locke est incomplète ; mais une chose non moins étrange, c’est que Leibnitz, son antagoniste et son illustre commentateur, ait été aussi concis que lui, et qu’il