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DU SOMMEIL ET DE LA VEILLE.

Les insectes dorment fort peu, et c’est là ce qui a fait parfois douter qu’ils eussent cette faculté comme les autres. Ainsi tous les animaux veillent et dorment, parce qu’ils sont sensibles ; et il faut ajouter que, durant le sommeil, la nutrition dont ils ont tous besoin se fait d’une manière plus facile et plus complète.

Ces préliminaires posés, voyons la cause du sommeil et de la veille, et le sens ou les sens auxquels ces deux fonctions se rapportent. D’abord, s’il y a des animaux qui soient privés de quelque sens, tous, sans exception, possèdent le toucher et le goût ; c’est un principe établi déjà dans le Traité de l’Âme. Nous y avons établi aussi qu’indépendamment de la fonction spéciale à chaque sens, il y a encore une faculté commune qui réunit et compare les sensations venues d’organes différents. Elle est simultanée au toucher, le seul sens qui puisse être séparé de tous les autres, tandis que tous les autres en sont inséparables. Ainsi, le sommeil et la veille sont des affections de ce sens général ; et, comme le toucher est commun à tous les animaux, voilà pourquoi tous aussi veillent et dorment. Les sens spéciaux peuvent agir indépendamment les uns des autres ; par suite, ils ne devraient point cesser simultané-