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faut donc distinguer ici, comme en tant d’autres questions, l’acte de la puissance. Pour comprendre d’ailleurs l’action des objets sur le milieu qui doit les transmettre jusqu’à nos sens, il faut admettre que les objets causent des mouvements dans cet intermédiaire, et que ces mouvements font impression sur nous suivant qu’ils sont plus ou moins forts. Quand on est près d’un corps odorant, on le sent plus que si l’on s’en éloigne ; le bruit n’arrive à l’oreille que longtemps après le coup qui l’a produit ; on entend une personne parler quand on est près d’elle ; à distance, les articulations se déforment en quelque sorte, et notre oreille ne les distingue plus. En est-il de même pour la lumière, et met-elle un temps plus ou moins long pour venir du soleil jusqu’à nous, ainsi que l’a soutenu Empédocle ? Cette opinion paraît fort rationnelle ; mais cependant elle n’est pas exacte. On peut soutenir la transmission successive et pour l’odeur et pour le son, qui sont certainement des mouvements ; il est impossible d’en dire autant de la lumière : il semble plutôt que la lumière soit une modification d’une certaine espèce que le milieu éprouve simultanément, et c’est là ce qui fait croire qu’il n’y a pas pour elle de transmission successive.