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manière ; par exemple, celles que nous causent la couleur, la saveur, le son, le poids, le froid, le dur, etc. Ou bien cette division infinie des sensations est-elle impossible ? Une première objection contre cette divisibilité infinie des corps, c’est que le corps, qui est sensible pour nous dans sa masse, se composerait alors de parties qui seraient imperceptibles pour nos sens, ce qui est impossible ; car si l’organe ne les percevait pas, l’intelligence serait également hors d’état de les comprendre. Ce sont là des impossibilités, comme on l’a démontré dans le Traité du Mouvement. Les sensations que nous avons des objets sont toutes limitées ; et par conséquent les parties des corps qui nous les donnent doivent l’être également. En acte, en réalité, nous ne percevons les particules des corps que quand elles ont certaines dimensions ; au-dessous d’une certaine limite, elles nous échappent, bien que nous les percevions aussi en puissance : ainsi le dièse, la partie la plus petite d’un son, n’est pas distinct pour nous, et cependant nous le percevons, puisque nous percevons le son entier, dont le dièse est une partie ; de même la dix millième partie d’un grain échappe à notre vue, qui pourtant la perçoit, puisqu’elle perçoit le grain entier. Il