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barbares, depuis la terrible leçon de Salamine, n’osaient plus affronter de bataille sur mer. La flotte phénicienne avait eu la permission de se retirer ; et les Perses, qui n’avaient plus guère que des Ioniens et des Grecs de la côte avec eux, avaient changé leur station, de Samos à Mycale. Là, ils avaient tiré leurs navires à terre et les avaient entourés d’une forte palissade, et même d’une muraille qui pouvait servir de camp. A leur portée, était rassemblée une armée de soixante mille hommes sous le commandement de Tigrane, que Xerxès avait laissée pour maintenir l’Ionie. Dans cette position, les Perses se croyaient inexpugnables. Pour plus de sûreté, ils avaient désarmé les Samiens, qu’ils soupçonnaient avec raison d’avoir des intelligences avec Léotychidès, et qui avaient racheté tout récemment des prisonniers d’Athènes pour les renvoyer dans leur pays. De plus, les Perses avaient chargé les Milésiens de garder les routes qui menaient aux sommets de Mycale. Restés seuls dans leur camp, ils ne doutaient pas de pouvoir s’y défendre victorieusement. Ils y furent au contraire écrasés par la valeur des Athéniens et des Corinthiens, et par la défection des gens de Samos et de Milet. L’armée fut détruite, et Tigrane tué ; la flotte fut brûlée ; et les vainqueurs se retirèrent, après cet exploit, chargés d’un immense butin.