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vient à être divisée, il n’y aura point là d’impossibilité, pas plus qu’il n’y a rien d’impossible à supposer qu’elle puisse être divisée en dix mille fois dix mille, bien que personne ne puisse pousser la division jusque-là.

§ 11.[1] Puisque le corps est censé doué de cette propriété, admettons qu’il soit absolument ainsi divisé. Mais alors que restera-t-il donc après toutes ces divisions ? Sera-ce une grandeur ? Mais cela n’est pas possible ; car alors il y aurait quelque chose qui aurait échappé à la division ; et l’on supposait, au contraire, que le corps était divisible sans aucune limite et absolument. Mais s’il ne reste plus ni corps ni grandeur, et qu’il y ait cependant encore division, ou bien cette division ne portera que sur des points, et alors les éléments qui composeront le corps seront sans aucune grandeur ; ou bien, il n’y aura plus rien du tout.

§ 12.[2] Par conséquent, soit que le corps vienne de rien, soit qu’il soit composé, c’est toujours réduire le tout à n’être qu’une apparence. Même en admettant que le corps puisse venir de points, il n’y aura pas là encore de quantité. En effet, quand tous ces points se touchaient

    parties inégales. De l’une et l’autre façon, on arrive à l’épuiser totalement par cette division indéfinie. — Ne puisse pousser la division jusque-là, par l’insuffisance des instruments dont l’homme dispose.

  1. § 11. Est censé doué de cette propriété, le texte n’est pas aussi précis. — Que restera-t-il ? répétition de la question posée dans le § précédent. — Après toutes ces divisions, j’ai ajouté ces mots, pour éclaircir un peu la pensée. — Une grandeur, qui serait encore divisible. — Sans aucune limite et absolument, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Sans aucune grandeur, parce que les points mathématiques sont supposés n’en point avoir.
  2. § 12. Vienne de rien, c’est-à-dire de points, qui n’ont aucune dimension. — A n’être qu’une apparence, c’était la conséquence que les Sophistes avaient tirée de la doctrine de Démocrite. — Que le corps puisse venir de points, le texte n’est pals tout à fait aussi formel. — De quantité, parce que les points ne peuvent