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DISCOURS

état, plus il y a de souffrance et de malheur pour tous ceux qui sont exposés à l’action de cette puissance, c’est-à-dire, pour l’immense majorité des citoyens ; et plus aussi la société marche rapidement vers sa dissolution, ou vers sa ruine, sans que jamais la chimère du pouvoir absolu de l’homme sur la société puisse se réaliser complètement.

C’est que la force publique, ou la réunion des ressources, des moyens et des efforts de tous les citoyens, est sans aucune proportion avec l’objet auquel on prétend l’appliquer en pareil cas, je veux dire le bonheur imaginaire, ou la satisfaction des désirs et des passions d’un seul, ou d’un petit nombre. C’est que, dans cette immense machine, appliquée à un si petit objet, il y a inévitablement beaucoup de force perdue, et qui tourne précisément contre le but auquel on prétend l’employer. Enfin, c’est que l’intelligence d’un seul homme, ou même d’une réunion d’hommes, comme le dit Aristote, ne peut presque jamais embrasser l’utilité et les intérêts de tous ; tandis que l’intelligence de tous, quand elle y est convenablement employée, ou en ayant égard, autant qu’il est possible, à la variété de leurs talents, de leurs connaissances et de leurs besoins, est bien mieux adaptée à une pareille fin.

Voilà pourquoi ces deux philosophes veulent que le peuple, ou la partie même la moins instruite PRÉLIMINAIRE. lxj