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spéculation, ou dans la théorie de quelque art, peut-être n’est-il pas moins nécessaire d’acquérir des connaissances générales aussi étendues qu’il est possible, puisque c’est en cela, comme on vient de le dire, que consiste la science. Enfin, peut-être aussi doit-on s’appliquer à se rendre habile dans la science de la législation, quand on entreprend de rendre les hommes, soit en petit soit en grand nombre, meilleurs qu’ils ne sont, puisque c’est par les lois qu’ils peuvent le devenir. Car il n’appartient pas à tout le monde de disposer ou de former à la vertu un individu quel qu’il soit ; mais, s’il y a quelqu’un qui en soit capable, ce ne peut être que celui qui possède cette science, comme cela a lieu pour la médecine, et pour toutes les autres sciences qui sont le résultat de l’application et d’une sorte de prudence.

Faut-il donc examiner, après cela, comment on pourra acquérir la science du législateur, et où l’on en puisera la connaissance ? ou bien la trouvera-t-on, comme les autres, chez ceux qui s’occupent des affaires publiques ? Car nous avons reconnu qu’elle est une partie de la politique : ou bien, dira-t-on qu’il n’en est pas de la politique comme des autres sciences et des autres facultés ? attendu que dans celles-ci les mêmes hommes sont capables de transmettre leur savoir à d’autres, et de faire les actes qui en dépendent, comme les médecins et les peintres ; au lieu que les sophistes promettent, il est vrai, d’enseigner la politique, mais il n’y en a pas un qui la pratique. Ce sont les chefs du gou-