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cette union se borne uniquement à cela dans les autres espèces ; au lieu que, chez l’homme, elle a encore pour but de se procurer toutes les choses nécessaires à la vie : car bientôt la tâche se trouve partagée entre les deux membres de l’association, et celle de l’homme est autre que celle de la femme. Aussi se prêtent-ils de mutuels secours, mettant en commun les moyens propres à chacun d’eux[1]. C’est pour cette raison que l’utile et l’agréable semblent plus spécialement unis dans cette espèce d’amitié. Elle peut même être fondée sur la vertu, si le mari et la femme sont dignes d’estime, puisque chacun d’eux a son mérite propre ; et ils peuvent trouver la plus douce satisfaction dans un pareil lien. Les enfants contribuent ordinairement à le resserrer encore davantage ; et c’est pour cela que les époux qui sont privés de ce bonheur, se désunissent plus promptement : car les enfants sont un bien commun à l’un et à l’autre, et tout ce qui est commun est un moyen d’union.

Mais demander comment un mari doit vivre avec sa femme, et, en général, un ami avec son ami, c’est demander comment ils devront observer les règles de la justice ; car elles ne sont pas les mêmes à l’égard d’un ami et à l’égard d’un étranger, ou d’un condisciple, ou d’une personne avec qui l’on n’a que des relations de plaisir et d’amusement.

XIII. Puisqu’il y a trois sortes d’amitiés, ainsi

  1. Voyez Aristotel. Œconomic. l. i, c. 3.