Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est bon est le produit de quelque art. Outre cela, les enfants et les animaux recherchent le plaisir avec ardeur. Mais la preuve que tous les plaisirs ne sont pas honnêtes, c’est qu’il y en a de honteux, et qui sont un légitime sujet de reproche, et qu’il y en a aussi qui sont nuisibles ; car certaines choses qui donnent du plaisir peuvent rendre malade. Enfin, le plaisir n’est pas ce qu’il y a de plus excellent, puisqu’il n’est pas une fin, mais une génération. Voilà à peu près ce qu’on allègue contre le plaisir.

XII. On verra néanmoins, par ce que nous allons dire, qu’il ne s’ensuit pas de tout ceci que la volupté ne soit pas un bien, ni même qu’elle ne soit pas le souverain bien[1]. Et d’abord, on peut considérer le bien sous deux points de vue : comme bien, en soi ou en général, et comme bien, relativement à telle ou telle personne ; et cette différence en déterminera une de même genre dans la nature, dans l’habitude, dans l’impulsion, dans l’origine ou la

  1. Il serait trop long de discuter les opinions des divers commentateurs ou traducteurs sur plusieurs, endroits de ce chapitre, dont le texte est assez obscur, parce que les pensées de l’auteur n’avaient peut-être pas toute la clarté désirable. J’ai tâché de le suivre autant et d’aussi près qu’il m’a été possible, renvoyant les lecteurs qui sont capables de faire un choix entre les diverses interprétations, et que ce genre de discussions intéresse, aux remarques de Mr Coray, et à celles de Mr Zell, qui a recueilli soigneusement tous les matériaux, mais sans en tirer, à mon avis, aucune solution complètement satisfaisante, ce qui, au reste, est peut-être impossible.