Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mêmes sont incapables d’agir volontairement : ensuite, dira-t-on qu’une action produite par la colère ou par le désir n’est pas volontaire ; ou bien, regardera-t-on celles qui sont honnêtes comme volontaires, et comme involontaires celles qui sont honteuses ? ou plutôt, ne serait-ce pas ridicule, puisqu’il n’y a là qu’une seule et même cause ? Peut-être même y aurait-il quelque absurdité à nommer involontaires les actions que l’on est obligé de désirer ; car il y a des choses contre lesquelles on est obligé de s’indigner, et d’autres qu’il faut désirer, comme la santé et l’instruction. Au reste, il semble que tout ce qui est involontaire produit un sentiment de peine, au lieu que ce qu’on désire en produit un de plaisir. D’ailleurs, quelle différence y a-t-il entre un acte involontaire, qui résulte d’une erreur de raisonnement, ou celui qui est l’effet d’une erreur occasionnée par la colère ? L’un et l’autre doivent être également évités. Les passions irraisonnables sont, comme les erreurs de jugement, le partage de l’homme ; et ses actions peuvent aussi être l’effet du désir et de la colère ; il serait donc absurde de vouloir les regarder comme involontaires.

II. À présent que nous avons marqué la distinction entre ce qui est volontaire et ce qui ne l’est pas, il reste à examiner ce que c’est que choix, ou préférence[1] ; car c’est là ce qui caractérise

  1. Voy. M. M. l. i, c. 12 et 18 ; Eudem. l. 2, c. 10.