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résultat est toujours le même. Avec une audace complètement inutile dans les circonstances ordinaires de la vie, et qui devient bonne seulement à la guerre, les Lacédémoniennes, dans les cas de danger, n’en ont pas moins été fort nuisibles à leurs maris. L’invasion thébaine l’a bien montré ; inutiles comme partout ailleurs, elles causèrent dans la cité plus de désordre que les ennemis eux-mêmes.

§ 8. Ce n’est pas au reste sans causes qu’à Lacédémone on négligea, dès l’origine, l’éducation des femmes. Retenus longtemps au dehors, durant les guerres contre l’Argolide, et plus tard contre l’Arcadie et la Messénie, les hommes, préparés par la vie des camps, école de tant de vertus, offrirent après la paix une matière facile à la réforme du législateur. Quant aux femmes, Lycurgue, après avoir tenté, dit-on, de les soumettre aux lois, dut céder à leur résistance et abandonner ses projets. § 9. Ainsi, quelle qu’ait été leur influence ultérieure, c’est à elles qu’il faut attribuer uniquement cette lacune de la constitution. Nos recherches ont, du reste, pour objet, non l’éloge ou la censure de qui que ce soit, mais l’examen des qualités et des défauts des gouvernements. Je répéterai pourtant que le dérèglement des femmes, outre que par lui-même il est une tache pour l’État, pousse les citoyens à l’amour effréné de la richesse.

§ 10. Un autre défaut qu’on peut ajouter à ceux qu’on