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Carthage.

§ 4. L’oligarchie, de son côté, se change en tyrannie, et c’est ce qui arriva jadis à la plupart des oligarchies siciliennes. Qu’on se souvienne qu’à l’oligarchie succéda la tyrannie de Panætius à Léontium ; à Gèle, celle de Cléandre ; à Rhéges, celle d’Anaxilas ; et qu’on se rappelle tant d’autres exemples qu’on pourrait citer également. C’est encore une erreur de faire naître l’oligarchie de l’avidité et des occupations mercantiles des chefs de l’Etat. Il faut bien plutôt en demander l’origine à cette opinion des hommes à grandes fortunes, qui croient que l’égalité politique n’est pas juste entre ceux qui possèdent et ceux qui ne pos¬sèdent pas. Dans presque aucune oligarchie, les magistrats ne peuvent se livrer au commerce ; et la loi le leur interdit. Bien plus, à Carthage, qui est un État démocratique, les magistrats font le commerce ; et l’État cependant n’a point encore éprouvé de révolution.

§ 5. Il est encore fort singulier d’avancer que dans l’oligarchie l’Etat est divisé en deux partis, les pauvres et les riches ; est-ce bien là une condition plus spéciale de l’oligarchie que de la république de Sparte, par exemple, ou de tout autre gouvernement, dans lequel les citoyens ne possèdent pas tous des fortunes égales, ou ne sont pas tous également vertueux ? En supposant même que personne ne s’appauvrisse, l’Etat