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extrême, s’appliquent également à la tyrannie ; car ces deux formes de gouvernement sont de véritables tyrannies divisées entre plusieurs mains.

§ 22. La royauté a beaucoup moins à redouter les dangers du dehors, et c’est ce qui en garantit la durée. Mais c’est en elle-même qu’il faut rechercher toutes les causes de sa ruine. On peut les réduire à deux : l’une est la conjuration des agents qu’elle emploie ; l’autre est sa tendance au despotisme, quand les rois prétendent accroître leur puissance, même aux dépens des lois. On ne voit guère de nos jours se former encore des royautés ; et celles qui s’élèvent sont bien plutôt des monarchies absolues et des tyrannies que des royautés. C’est qu’en effet la véritable royauté est un pouvoir librement consenti, et jouissant seulement de prérogatives supérieures. Mais comme aujourd’hui les citoyens se valent en général, et qu’aucun n’a une supériorité tellement grande qu’il puisse exclusivement prétendre à une aussi haute position dans l’État, il s’ensuit qu’on ne donne plus son assentiment à une royauté, et que, si quelqu’un prétend régner par la fourbe ou par la violence, on le regarde aussitôt comme un tyran.

§ 23. Dans les royautés héréditaires, il faut ajouter cette cause de ruine toute spéciale, à savoir que la plupart de ces rois par héritage deviennent bien vite méprisables, et qu’on ne leur pardonne