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mourir, expulser le tyran à l’aide du peuple soulevé.

§ 20. Des deux sentiments qui causent le plus souvent les conspirations contre les tyrannies, la haine et le mépris, les tyrans méritent toujours au moins l’un, c’est la haine. Mais le mépris qu’ils inspirent amène fréquemment leur chute. Ce qui le prouve bien, c’est que ceux qui ont personnellement gagné le pouvoir ont su le conserver, et que ceux qui l’ont reçu par héritage l’ont presque aussitôt perdu. Avilis par les dérèglements de leur conduite, ils tombent aisément dans le mépris et fournissent de nombreuses et excellentes occasions aux conspirateurs.

§ 21. On peut ranger aussi la colère dans la même classe que la haine ; l’une et l’autre poussent à des actions toutes pareilles ; seulement la colère est encore plus active que la haine, parce qu’elle conspire avec d’autant plus d’ardeur que la passion ne réfléchit pas. C’est surtout le ressentiment d’une insulte qui livre les cœurs aux emportements de la colère : témoin la chute des Pisistratides et de tant d’autres. Cependant la haine est plus redoutable. La colère est toujours accompagnée d’un sentiment de douleur qui ne laisse pas de place à la prudence ; l’aversion n’a point de douleur qui la trouble dans ses complots. Pour nous résumer, nous dirons que toutes les causes de révolution assignées par nous à l’oligarchie excessive et sans contrepoids, et à la démagogie