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conspirer contre lui. Ce n’est point par des considérations de ce genre que l’homme ambitieux se risque aux dangers d’un complot. Il laisse à d’autres les motifs vils et bas que nous venons de rappeler ; mais de même qu’il s’aventurerait dans toute entreprise inutile, mais qui pourrait donner renom et célébrité, de même il conspire contre le monarque, avide non de puissance mais de gloire.

§ 17. Les hommes de cette trempe sont excessivement rares, parce que de telles résolutions supposent toujours un mépris absolu de sa propre vie, dans le cas où l’entreprise viendrait à échouer. La seule pensée dont on doive alors être animé est celle de Dion ; mais il est difficile qu’elle puisse venir à bien des cœurs. Dion, quand il marcha contre Denys, n’avait avec lui que quelques soldats, déclarant que, quel que fût d’ailleurs le succès, c’en était assez pour lui d’avoir mis la main à cette entreprise, et que mourût-il aussitôt en touchant la terre de Sicile, sa mort serait toujours assez belle.

§ 18. La tyrannie peut être renversée, comme tout autre gouvernement, par une attaque extérieure, venant d’un État plus puissant qu’elle et constitué sur un principe opposé. Il est clair que ce gouvernement voisin, par l’opposition même de son principe, n’attend que le moment de l’attaque ; et dès qu’on le peut, on fait toujours ce qu’on désire. Les États de principes différents sont toujours ennemis entre eux : la démocratie, par exemple, est l’ennemie de la tyrannie, tout autant que le potier peut l’être du potier,