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je l’ai dit plus d’une fois, n’a jamais eu vue, dans les affaires communes, que son intérêt personnel. Le but du tyran, c’est la jouissance ; celui du roi, c’est la vertu. Aussi, en fait d’ambition, le tyran songe-t-il surtout à l’argent ; le roi, surtout à l’honneur. La garde d’un roi se compose de citoyens ; celle d’un tyran, d’étrangers.

§ 7. Il est du reste bien facile de voir que la tyrannie a tous les inconvénients de la démocratie et de l’oligarchie. Comme celle-ci, elle ne pense qu’à la richesse, qui nécessairement peut seule lui garantir et la fidélité des satellites, et la jouissance du luxe. La tyrannie se défie aussi des masses, et leur enlève le droit de posséder des armes. Nuire au peuple, éloigner les citoyens de la cité, les disperser, sont des manœuvres communes à l’oligarchie et à la tyrannie. À la démocratie, la tyrannie emprunte ce système de guerre continuelle contre les citoyens puissants, cette lutte secrète et publique qui les détruit, ces bannissements qui les frappent sous prétexte qu’ils sont factieux et ennemis de l’autorité ; car elle n’ignore pas que c’est des rangs des hautes classes que sortiront contre elle les conspirations, que les uns ourdissent dans l’intention de se saisir du pouvoir à leur profit, et les autres, pour se soustraire à l’esclavage qui les opprime. voilà ce que signifiait le conseil de Périandre à Thrasybule ; et ce nivellement des épis qui dépassaient les autres, voulait dire qu’il fallait toujours se défaire des citoyens éminents.

§ 8. Tout ce que je viens de dire montre assez que