Page:Aristote - La Politique.djvu/445

Cette page n’a pas encore été corrigée

même des classes élevées, parmi lesquelles il se distingue par sa vertu supérieure, ou par les actions éclatantes qu’elle lui inspire, ou par l’illustration non moins méritée de sa race. Le tyran, au contraire, est tiré du peuple et de la masse, contre les citoyens puissants, dont il doit repousser l’oppression.

§ 3. On peut le voir sans peine par les faits. Presque tous les tyrans, on peut dire, ont été d’abord des démagogues, qui avaient gagné la confiance du peuple en calomniant les principaux citoyens. Quelques tyrannies se sont formées de cette manière quand les États étaient déjà puissants. D’autres, plus anciennes, n’étaient que des royautés violant toutes les lois du pays, et prétendant à une autorité despotique. D’autres ont été fondées par des hommes parvenus en vertu d’une élection aux premières magistratures, parce que jadis le peuple donnait à longue échéance tous les grands emplois et toutes les fonctions publiques. D’autres enfin sont sorties de gouvernements oligarchiques qui avaient imprudemment confié à un seul individu des attributions politiques d’une excessive importance.

§ 4. Grâce à ces circonstances, l’usurpation était alors facile à tous les tyrans ; de fait, ils n’ont eu qu’à vouloir le devenir, parce qu’ils possédaient préalablement ou la puissance royale, ou celle qu’assure une haute considération : témoin Phidon d’Argos et tous les autres tyrans qui débutèrent par être rois ; témoin tous les