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qu’on ne puisse jamais en cumuler plusieurs. Par ce moyen, en effet, les fortunes tendent à se niveler ; et les pauvres arrivent en plus grand nombre à l’aisance.

§ 13. Une institution également avantageuse à l’oligarchie et à la démocratie, c’est d’assurer l’égalité ou même la prééminence, pour tous les emplois qui ne sont pas de première importance dans l’État, aux citoyens qui ont une moindre part de pouvoir politique : dans la démocratie, aux riches ; dans l’oligarchie, aux pauvres. Quant à ces hautes fonctions, elles doivent être toutes, ou du moins la plupart, exclusivement remises aux mains des citoyens qui jouissent des droits politiques.

§ 14. L’exercice des fonctions suprêmes demande dans ceux qui les obtiennent trois qualités : d’abord un attachement sincère à la constitution, une grande capacité pour les affaires, et en troisième lieu, une vertu et une justice analogues, dans chaque espèce de gouvernement, au principe spécial sur lequel il se fonde ; car le droit variant selon les constitutions diverses, il faut nécessairement aussi que la justice se modifie pour chacune d’elles. Mais ici se présente une question. Comment se décider et choisir quand toutes les qualités requises ne se trouvent pas réunies dans le même individu ? Par exemple, si tel citoyen, doué d’un grand talent militaire, est improbe et peu dévoué à la constitution ; et si tel autre, fort honnête et partisan sincère de la constitution, est sans capacité militaire, lequel des deux choisira-t-on ?

§ 15. Il faut, ce semble, s’attacher ici à bien connaître deux choses : quelle est la qualité vulgaire et quelle est la qualité rare. Ainsi