Page:Aristote - La Politique.djvu/433

Cette page n’a pas encore été corrigée

parce que les causes de ruine sont éloignées, mais quelquefois aussi parce qu’elles sont imminentes ; la peur alors fait qu’on s’occupe avec un redoublement de sollicitude des affaires publiques. Aussi, les magistrats qui ont à cœur le maintien de la constitution doivent-ils parfois, en supposant fort proches des dangers éloignés, préparer des paniques de ce genre, pour que les citoyens veillent comme dans une alerte nocturne, et ne désertent pas la garde de la cité. De plus, c’est toujours par des moyens légaux qu’il faut tâcher de prévenir les luttes et les dissensions des citoyens puissants, et de prémunir ceux qui sont en dehors de la querelle, avant qu’ils y prennent part personnellement. Mais reconnaître ainsi les symptômes du mal n’est pas d’un esprit vulgaire, et cette perspicacité n’appartient qu’à l’homme d’État.

§ 6. Pour empêcher, dans l’oligarchie et dans la république, les révolutions que la quotité du cens peut amener, quand il reste immuable au milieu de l’accroissement général du numéraire, il convient de réviser les cotes en les comparant au passé, soit tous les ans, dans les États où le cens est annuel, soit, dans les grands États, tous les trois ans ou tous les cinq ans. Si les revenus se sont accrus, ou réduits, comparativement à ceux qui ont servi d’abord de base aux droits politiques, il faut pouvoir, en vertu d’une loi, élever ou abaisser le cens ; l’élever proportionnellement au niveau de la richesse publique, si elle s’est accrue ; et en cas de diminution, le réduire dans une mesure égale.

§