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2. Dans tous les États bien constitués, le premier soin qu’il faut prendre est de ne point déroger, en quoi que ce soit, à la loi, et de se garder avec la plus scrupuleuse attention d’y apporter même les plus faibles atteintes. L’illégalité mine sourdement l’État, de même que de petites dépenses souvent répétées finissent par ruiner les fortunes. On ne remarque pas les pertes qu’on éprouve, parce qu’on ne les fait point en masse, elles échappent à l’observation et dupent la pensée, comme ce paradoxe des sophistes : « Si chaque partie est petite, le tout aussi doit l’être » . Or c’est là une idée qui est tout à la fois en partie vraie et en partie fausse, car l’ensemble, le tout lui-même n’est pas petit ; mais il se compose de parties qui sont petites. Il faut donc ici d’abord prévenir le mal dès l’origine. En second lieu, il ne faut pas se fier à ces ruses et à ces sophismes qu’on ourdit contre le peuple ; les faits sont là pour les condamner absolument. Nous avons déjà dit plus haut ce que nous entendons par sophismes politiques, manœuvres que l’on croit si habiles.

§ 3. Mais on peut se convaincre que bien des aristocraties, et même quelques oligarchies, doivent leur durée moins à la bonté de cette constitution qu’à la prudente conduite des gouvernants, tant envers les simples citoyens qu’envers leurs collègues ; soigneux d’éviter toute injustice à l’égard de ceux qui sont exclus des emplois, mais ne manquant jamais d’en appeler les chefs au maniement des affaires se gardant