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en changer un autre qui est un peu plus grave, jusqu’à ce qu’enfin on en vienne à changer le principe tout entier.

§ 8. Je citerai de nouveau l’exemple de Thurium. Une loi limitait à cinq ans les fonctions de général ; quelques jeunes gens belliqueux, qui jouissaient d’une grande influence auprès des soldats, et qui, dans leur mépris pour les hommes en place, croyaient pouvoir les supplanter aisément, essayèrent en premier lieu de faire rapporter cette loi et d’obtenir par les suffrages du peuple, qui était tout prêt à les leur donner, la perpétuité dés emplois militaires. D’abord, les magistrats, que la question regardait, et qu’on nommait Cosénateurs, voulurent résister ; néanmoins, s’imaginant que cette concession garantirait la stabilité du reste des lois, ils cédèrent comme les autres. Mais lorsque, plus tard, ils prétendirent empêcher de nouveaux changements, ils furent impuissants ; et la république devint bientôt une oligarchie violente, aux mains de ceux qui avaient tenté la première innovation.

§ 9. On peut dire en général de tous les gouvernements qu’ils succombent tantôt à des causes internes de destruction, tantôt à des causes qui leur sont extérieures ; par exemple, quand ils ont à leurs portes un État constitué sur un principe opposé au leur, ou bien quand cet ennemi, tout éloigné qu’il est, possède une grande puissance. Voyez la lutte de Sparte et d’Athènes : partout les Athéniens renversaient les oligarchies, tandis que les Lacédémoniens renversaient des constitutions démocratiques.

§ 10. Telles sont à peu près les causes de bouleversement et de révolution dans les diverses espèces de gouvernements républicains


§ 1. Nous l’avons déjà reconnu. Voir plus haut, ch. V, §2. Les Parthéniens. Durant la première guerre de Messénie, vers la XVIIIe olympiade, 708 ans avant J.— C. Voir Strabon, liv.Vl, ch. III, p.231, édit. Firmin Didot.

§ 2. Lysandre. Voir plus haut, même livre, ch. I, § 5, et la vie de Lysandre, par Plutarque. Cinadon. Voir Xénophon, Hellén., livre III, ch. III, § 4, p. 375, édition Firmin Didot. Tyrtée fut envoyé, comme on sait, aux Lacédémoniens, par Athènes, dans la seconde guerre de Messénie, vers l’an 684 avant J.-C. Nous avons quelques-unes de ses poésies ; elles sont admirables ; mais il ne nous reste rien du poème dont parle ici Aristote.Voir Pausanias, Messén., ch. XVIII. Pausanias. Voir plus haut, même livre, chap. 1, § 5, et liv. IV, ch. XIII, § 13. Voir aussi Thucydide, livre Ier, chap. CXXX et suiv., p. 49, édit. Firmin Didot.

Et Hannon. Voir plus haut, liv. II, ch. viii, § 1 ; Justin, liv.XXI, ch. IV.

§ 4. Les formes démocratiques. Ceci est un bel éloge de la démocratie.

§ 5. La seule constitution stable. Il faut rapprocher ce passage de plusieurs qui ont été indiqués plus haut, et qui disculpent complétement Aristote des reproches qu’on lui a si souvent et si injustement adressés. Il est difficile de réclamer l’égalité en termes plus positifs. Malheureusement, l’égalité, telle que l’entendirent toujours les anciens, n’était qu’une déplorable injustice : à côté des citoyens, il y a toujours les esclaves. Voir dans ce livre, chap ix, § 7, et la préface.

§ 6. À Thurium., dans la Grande-Grèce. Voir plus loin quelques nouveaux renseignements, dans ce chapitre, § 8 ; et Diodore de Sicile, liv. XII, p. 420 et suiv., édit. Firmin Didot.

§ 7. À Lacédémone. Voir plus haut, liv. II, ch. vi, § 10. — La république de Locres. Voir Diodore de Sicile, liv. XIV, ch. XLIV, § 6, page 579, édit. Firmin Didot, et Athénée, liv. XII, p. 153. Nous avons dit. Voir plus haut, ch. II, § 3, cette théorie si ingénieuse et si vraie.

§ 8. De nouveau. Voir plus haut, dans ce chapitre, § 6.

§ 9. Un principe opposé au leur. Cette cause de guerre est celle qui a mis la France aux prises avec toute l’Europe après la révolution. La différence de principes est certainenaent aujourd’hui l’obstacle le plus grave à la paix du continent ; c’est, en d’autres termes, « le gouvernement contraire » d’Aristote.

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