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misère. Souvent même on voit le simple droit d’élire les magistrats et d’en exiger des comptes, suffire à l’ambition de ceux qui peuvent en avoir, puisque, dans plus d’une démocratie, sans participer à l’élection des chefs, et tout en laissant ce droit à quelques électeurs qui sont pris successivement dans la masse entière des citoyens, comme on le fait à Mantinée, la majorité se montre satisfaite, parce qu’elle dispose souverainement des délibérations. C’est bien là, on doit le reconnaître encore, une espèce de démocratie ; et Mantinée était jadis un État réellement démocratique.

§ 3. Dans cette espèce de démocratie, dont j’ai déjà parlé plus haut, c’est un principe excellent et d’une application assez ordinaire, de mettre au rang des droits accordés à tous les citoyens l’élection des magistrats, l’examen des comptes et l’entrée des tribunaux, et de soumettre les hautes fonctions aux nécessités de l’élection et du cens, en proportionnant le cens à l’importance même des emplois ; ou bien encore, en négligeant cette condition du cens pour toutes les magistratures, de ne choisir que ceux qui peuvent, par leur fortune, convenablement remplir le poste où on les appelle. Un gouvernement est toujours fort, quand il est établi d’après ces principes. De cette façon, le pouvoir passe toujours aux mains les plus honorables,