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t des délibérations, d’adopter le système des oligarchies pour les tribunaux. L’oligarchie se sert de l’amende pour forcer de venir au tribunal ceux dont la présence lui semble y être nécessaire. La démocratie, qui donne une indemnité aux pauvres pour les fonctions judiciaires, devrait suivre aussi la même méthode pour les assemblées générales. La délibération ne peut que gagner à ce que tous les citoyens en masse y prennent part, la foule s’éclairant des lumières des gens distingués, et ceux-ci profitant des instincts de la foule. On pourrait encore avec avantage prendre un nombre égal de votants de part et d’autre, en procédant à leur désignation par l’élection ou par le sort. Enfin, dans le cas où le peuple l’emporterait excessivement en nombre sur les hommes politiquement capables, on pourrait accorder l’indemnité, non à tous, mais seulement à autant de pauvres qu’il y aurait de riches, et éliminer tout le reste.

§ 9. Dans le système oligarchique, il faut, ou choisir à l’avance quelques individus dans la masse, ou constituer une magistrature, qui, du reste, existe déjà dans quelques États, et dont les membres se nomment Commissaires et Gardiens des lois. L’assemblée publique ne s’occupe alors que des objets préparés par ces magistrats. C’est un moyen de donner à la masse voix délibérative dans les affaires, sans qu’elle puisse en rien porter atteinte à la constitution. Il est possible encore de n’accorder au peuple que le droit de sanctionner ainsi les décrets qui lui sont présentés, sans qu’il puisse jamais décider en sens contraire. Enfin l’on peut accorder à la masse voix consultative, en laissant la décision suprême aux magistrats.

§ 10.