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d’un homme libre, c’est la musique. Homère est du même avis, quand il fait dire à l’un de ses héros : Convions au festin un chantre harmonieux ; ou quand il dit de quelques autres de ses personnages, qu’ils appellent : Le chantre dont la voix saura tous les charmer ; et ailleurs, Ulysse dit que le plus doux des plaisirs pour les hommes, quand ils se livrent à la joie, C’est d’entendre, au festin où tous se sont rangés, Les accents du poète….


§ 3. Les lettres. À lire, à écrire, et la grammaire. La musique. On sait toute l’importance que l’antiquité attachait à la musique. Un décret des Rois et des Éphores, à Sparte, prescrivit à Timothée, sous peine d’exil, de retrancher quatre cordes à sa lyre, parce que ces sons efféminés corrompaient les jeunes Spartiates ; c’était à l’époque de la prise d’Athènes. Aujourd’hui, l’influence morale de la musique est complètement négligée par les législateurs ; ils en firent en Grèce un objet capital. C’est que l’organisation physique des Grecs avait une sensibilité et une délicatesse dont rien parmi nous ne peut nous donner l’idée. Voir Montesquieu, Esprit des Lois, liv. IV, ch. VIII, où l’on trouvera quelques considérations pareilles.

§ 6. Un digne emploi du loisir, ce sont déjà les mœurs des Grecs au siège de Troie. Achille joue de la lyre quand les envoyés d’Agamemnon viennent le trouver, Iliade, chant IX, vers 186 et suiv. Convions au festin. Ce vers ne se retrouve pas aujourd’hui dans Homère ; de plus, il est faux, tel que le donnent le texte et tous les manuscrits. Coraï l’a rétabli, comme le proposait Schneider. Je crois qu’il faut repousser cette correction, ainsi que M. Goettling l’a fait ; il suffit d’indiquer l’imperfection du vers. Voir plus haut, liv. III, ch. IX. § 2. Le chantre dont la voix, Odyssée, chant XVII, v. 355. Le commencement de ce vers appartient à Aristote et non point à Homère : au lieu de« tous», on lit :« en chantant», dans le texte du poème tel que nous l’avons maintenant. C’est d’entendre. Odyssée, chant IX, v. 7. Homère peint les mœurs de son temps.

CHAPITRE III. Suite de la théorie de l’éducation. De l’utilité de la gymnastique ; excès commis à cet égard par quelques gouvernements ; il ne faut pas songer à faire des athlètes, ni des guerriers féroces ; il faut tâcher de donner au corps, santé et adresse, et à l’esprit un courage généreux ; l’expérience de divers peuples suffit pour poser avec certitude les bornes dans lesquelles il convient de renfermer la gymnastique ; âge auquel on doit s’y livrer.

§ I. Ainsi, l’on doit reconnaître qu’il existe certaines choses qu’il faut enseigner aux enfants, non