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mais la vertu générale n’est que le résultat de la vertu de tous les particuliers.

§ 6. Quoi qu’il en soit, trois choses peuvent rendre l’homme bon et vertueux : la nature, l’habitude et la raison. Ainsi d’abord, il faut que la nature nous fasse naître de la race humaine, et non de telle autre espèce d’animaux ; il faut ensuite qu’elle accorde certaines qualités d’âme et de corps. De plus, les dons de la nature ne suffisent pas ; les qualités naturelles se modifient suivant les mœurs, et elles en peuvent recevoir une double influence qui les pervertit ou qui les améliore.

§ 7. Presque tous les animaux ne sont soumis qu’à l’empire de la nature ; quelques espèces en petit nombre sont encore soumises à l’empire des habitudes ; l’homme est le seul qui joigne la raison aux mœurs et à la nature. Il faut que ces trois choses concordent entre elles ; et souvent la raison combat la nature et les mœurs, quand elle croit meilleur de secouer leurs lois. Nous avons déjà dit à quelles conditions les citoyens peuvent offrir une matière facile à l’œuvre du législateur ; le reste est l’affaire de l’éducation, qui agit par les habitudes et par les leçons des maîtres.