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tout au contraire, prépare et opère directement le bien.

§ 4. L’homme vertueux peut savoir noblement supporter la misère, la maladie et tant d’autres maux ; mais le bonheur n’en consiste pas moins dans les contraires. Dans la Morale encore, nous avons défini l’homme vertueux : l’homme qui, par sa vertu, ne prend pour des biens que les biens absolus ; et il n’est pas besoin d’ajouter qu’il doit aussi savoir faire de ces biens-là un emploi absolument beau, absolument honnête. De là même est venue cette opinion vulgaire, que le bonheur dépend des biens extérieurs. Autant vaudrait attribuer un jeu savant sur la lyre à l’instrument lui-même plutôt qu’au talent de l’artiste.

§ 5. De ce que nous venons de dire, il résulte évidemment que le législateur doit trouver à l’avance certains éléments de son œuvre, mais qu’il peut aussi en préparer lui-même quelques-uns. Aussi nous a-t-il fallu supposer à l’État tous les éléments dont le hasard seul dispose ; car nous avons admis que le hasard était parfois le seul maître des choses ; mais ce n’est pas lui qui assure la vertu de l’État ; c’est la volonté intelligente de l’homme. L’État n’est vertueux que lorsque tous les citoyens qui font partie du gouvernement sont vertueux ; et l’on sait qu’à notre avis, tous les citoyens doivent prendre part au gouvernement de l’État. Cherchons donc comment on forme les hommes à la vertu. Certes, si cela était possible, il serait préférable de les y former tous en même temps, sans s’occuper des individus un à un :