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un travail quelconque, de l’instrument à l’ouvrier. La maison n’a certainement rien qui puisse devenir commun entre elle et le maçon, et cependant l’art du maçon n’a pas d’autre objet que la maison. Et de même, la cité a besoin assurément de la propriété ; mais la propriété n’est pas le moins du monde partie essentielle de la cité, bien que la propriété renferme comme éléments des êtres vivants. La cité n’est qu’une association d’êtres égaux, recherchant en commun une existence heureuse et facile.

§ 3. Mais comme le bonheur est le bien suprême, comme il réside dans l’exercice et l’application complète de la vertu, et que, dans l’ordre naturel des choses, la vertu est fort inégalement répartie entre les hommes, car quelques-uns en ont fort peu et en sont même tout à fait dénués, c’est évidemment là qu’il faut chercher la source des différences et des divisions entre les gouvernements. Chaque peuple, poursuivant le bonheur et la vertu par des voies diverses, organise aussi sa vie et l’État, sur des bases qui ne le sont pas moins.

Voyons donc combien d’éléments sont indispensables à l’existence de la cité ; car la cité résidera nécessairement dans ceux à qui nous reconnaîtrons ce caractère.

§ 4. Énumérons les choses elles-mêmes afin d’éclaircir la question : d’abord les subsistances, puis les arts, tous