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indispensables à sa perfection même, il est permis de se les donner toutes, par hypothèse, telles qu’on les désire, pourvu qu’on n’aille point jusqu’à l’impossible ; par exemple, en ce qui concerne le nombre des citoyens et l’étendue du territoire.

§ 2. Si l’ouvrier en général, le tisserand, le constructeur de navires ou tout autre artisan, doit, préalablement à tout travail, avoir la matière première, dont la bonne disposition préparatoire importe tant au mérite de l’exécution, il faut donner aussi à l’homme d’État et au législateur une matière spéciale, convenablement préparée pour leurs travaux. Les premiers éléments qu’exigé la science politique, ce sont les hommes avec le nombre et les qualités naturelles qu’ils doivent avoir, le sol avec l’étendue et les propriétés qu’il doit posséder.

§ 3. On croit vulgairement qu’un Etat, pour être heureux, doit être vaste. Si ce principe est vrai, ceux qui le proclament ignorent bien certainement en quoi consiste l’étendue ou la petitesse d’un État ; car ils en jugent uniquement par le nombre de ses habitants. Pourtant il faut bien moins regarder au nombre qu’à la puissance. Tout État a une tâche à remplir ; et celui-là est le plus grand qui peut le mieux s’acquitter