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dans des choses qui sont avant tout essentiellement belles. En général, il est évident que la perfection suprême de choses que l’on compare, pour connaître la supériorité de l’une sur l’autre, est toujours en rapport direct avec la distance même où sont entre elles ces choses, dont nous étudions les qualités spéciales. Si donc l’âme, à parler d’une manière absolue et même relativement à nous, est plus précieuse que la richesse et que le corps, sa perfection et la leur seront dans une relation analogue. Suivant les lois de la nature, tous les biens extérieurs ne sont désirables que dans l’intérêt de l’âme ; et les hommes sages ne doivent les souhaiter que pour elle, tandis que l’âme ne doit jamais être considérée en vue de ces biens.

§ 5. Ainsi, nous regarderons comme un point parfaitement accordé, que le bonheur est toujours en proportion de la vertu et de la sagesse, et de la soumission à leurs lois, prenant ici pour témoin de nos paroles Dieu lui-même, dont la félicité suprême ne dépend pas de biens extérieurs, mais est toute en lui-même et dans l’essence de sa propre nature. Aussi, la différence du bonheur à la fortune consiste nécessairement, en ce que les circonstances fortuites et le hasard peuvent nous procurer les biens placés en dehors de l’âme, tandis que l’homme n’est ni juste ni sage au hasard ou par l’effet du hasard. Une conséquence de ce principe, appuyée sur les mêmes raisons, c’est que l’État le plus parfait est en même temps le plus heureux, et le plus prospère. Le bonheur