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celles de général, et pour les autres magistratures importantes, des conditions de cens fort élevées.

§ 12. La réponse à cette seconde objection n’est pas ici plus difficile. Les choses sont peut-être encore fort bien telles qu’elles sont. Ce n’est pas l’individu, juge, sénateur, membre de l’assemblée publique, qui prononce souverainement ; c’est le tribunal, c’est le sénat, c’est le peuple, dont cet individu n’est qu’une fraction minime, dans sa triple attribution de sénateur, déjuge et de membre de l’assemblée générale. De ce point de vue, il est juste que la multitude ait un plus large pouvoir ; car c’est elle qui forme et le peuple et le sénat et le tribunal. Le cens possédé par cette masse entière dépasse celui que possèdent individuellement, et dans leur minorité, tous ceux qui remplissent les fonctions éminentes.

§ 13. Je n’irai pas du reste plus loin sur ce sujet. Mais quant à la première question que nous nous étions posée sur la personne du souverain, la conséquence la plus évidente qui découle de notre discussion, c’est que la souveraineté doit appartenir aux lois fondées sur la raison, et que le magistrat, unique ou multiple, ne doit être souverain que là où la loi n’a pu rien disposer, par l’impossibilité de préciser tous les détails dans des règlements généraux. Nous n’avons point encore expliqué ce que doivent être des lois fondées sur la raison, et notre première question reste entière. Je dirai seulement que, de toute nécessité, les