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facile. Qu’on réunisse par la pensée les localités diverses, et qu’on enferme dans une seule muraille Mégare et Corinthe ; certes on n’aura point fait par là de cette vaste enceinte une cité unique, même en supposant que tous ceux qu’elle renferme aient contracté entre eux des mariages, liens qui passent pour les plus essentiels de l’association civile. Ou bien encore qu’on suppose des hommes isolés les uns des autres, assez rapprochés toutefois pour conserver des communications entre eux ; qu’on leur suppose des lois communes sur la justice mutuelle qu’on doit observer dans les relations de commerce, les uns étant charpentiers, les autres laboureurs, cordonniers, etc., au nombre de dix mille par exemple ; si leurs rapports ne vont pas au delà des échanges quotidiens et de l’alliance en cas de guerre, ce ne sera point encore là une cité.

§ 13. Et pourquoi ? Ici pourtant on ne dira pas que les liens de l’association ne sont pas assez resserrés. C’est que là où l’association est telle que chacun ne voit l’État que dans sa propre maison, là où l’union est une simple ligue contre la violence, il n’y a point de cité, à y regarder de près ; les relations de l’union ne sont alors que celles des individus isolés. Donc évidemment, la cité ne consiste pas dans la communauté du domicile, ni dans la garantie des droits individuels, ni dans les relations de commerce et d’échange ; ces conditions préliminaires sont bien indispensables pour que la cité existe ; mais, même quand elles sont toutes réunies, la cité n’existe point encore. La cité, c’est l’association du