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celle-ci dans les oligarchies, celle-là dans les démocraties, parce que les riches forment partout la minorité, comme les pauvres forment partout la majorité. Ainsi, les différences indiquées plus haut ne sont pas de véritables difficultés. Ce qui distingue essentiellement la démocratie et l’oligarchie, c’est la pauvreté et la richesse ; et partout où le pouvoir est aux riches, majorité ou minorité, c’est une oligarchie ; partout où il est aux pauvres, c’est une démagogie. Mais il n’en est pas moins vrai, je le répète, que généralement les riches sont en minorité, les pauvres en majorité. La richesse n’est qu’à quelques-uns, mais la liberté est à tous. Ce sont-là, du reste, les causes des dissensions politiques entre les riches et les pauvres.

§ 8. Voyons d’abord quelles sont des deux parts les limites qu’on assigne à l’oligarchie et à la démagogie, et ce qu’on appelle le droit dans l’une et dans l’autre. Les deux’côtés également revendiquent un certain droit qui est bien réel. Mais, de fait, leur justice ne va que jusqu’à un certain point ; et ce n’est pas le droit absolu qu’établissent ni les uns, ni les autres. Ainsi, l’égalité paraît le droit commun, et sans doute elle l’est, non pas pour tous cependant, mais seulement entre égaux ; et de même pour l’inégalité : elle est certainement un droit, non pas pour tous, mais bien pour des individus inégaux entre eux. Si l’on fait abstraction des individus, on risque de porter un jugement erroné. C’est qu’ici les juges sont juges et parties ; et l’on est ordinairement mauvais juge dans sa propre cause.

§ 9. Le droit restreint à quelques-uns, pouvant s’appliquer aussi bien aux choses qu’aux personnes,