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serait fort simple : ils étaient citoyens, s’ils jouissaient des droits énoncés dans notre définition ; car être né d’un père citoyen et d’une mère citoyenne, est une condition qu’on ne peut raisonnablement exiger des premiers habitants, des fondateurs de la cité.

§ 10. On révoquerait en doute avec plus de justice le droit de ceux qui n’ont été faits citoyens que par suite d’une révolution, comme Clisthène en fit tant après l’expulsion des tyrans à Athènes, en introduisant en foule dans les tribus les étrangers et les esclaves domiciliés. Pour ceux-là, la vraie question est de savoir, non pas s’ils sont citoyens, mais s’ils le sont justement ou injustement. Il est vrai que, même à cet égard, on pourrait se demander encore si l’on est citoyen, quand on l’est injustement ; l’injustice équivalant ici à une véritable erreur. Mais on peut répondre que nous voyons tous les jours des citoyens injustement promus aux fonctions publiques, n’en être pas moins magistrats à nos yeux, bien qu’ils ne le soient pas justement. Le citoyen est pour nous un individu investi d’un certain pouvoir ; il suffit donc de jouir de ce pouvoir pour être citoyen, comme nous l’avons dit ; et même les citoyens faits par Clisthène l’étaient bien positivement. Quant à la question de justice ou d’injustice, elle se rattache à celle que nous avions posée en premier lieu : tel acte est-il émané de l’État, ou n’en est-il pas émané ? C’est ce qui peut faire doute dans bien des cas. Ainsi, quand la démocratie succède à l’oligarchie ou à