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LIVRE VIII, CH. VIll, ^ (5. 339

J^ /j. L'amitié du reste semble consister bien plutôt à aimer qu'à être aimé. Ce qui le prouve, c'est le plaisir que ressentent les mères à prodiguer leur amour. On eu a vu plusieurs qui, ayant dû abandonner leurs enfants, se complaisaient à les aimer encore par cela seul qu'elles sa- vaient qu'ils étaient d'elles ; ne cherchant même pas à ob- tenir quelque retour d'affection, parce que cet échange tle sentiments réciproques ne pouvait plus avoir lieu ; ne de- mandant pour leur part rien que de voir leurs enfants bien venir; et ne les en aimant pas moins avec passion, quoique ces enfants dans leur ignorance ne pussent jamais rien leur rendre de ce qu'on doit à une mère. § o. L'amitié consistant donc bien plus à aimer qu'à être aimé , et les gens qui aiment leurs amis étant à nos yeux dignes de louanges, il semble qu'aimer doit être la grande vertu des amis. Par conséquent, toutes les fois que l'affection repo- sera sur le mérite de chacun des deux amis, les amis se- ront constants, et leur liaison sera solide et durable. § 6. C'est ainsi que même les gens d'ailleurs- les plus inégaux peuvent être amis; leur estime mutuelle les rend égaux. Or, l'égalité et la ressemblance sont l'amitié; surtout, quand cette ressemblance est celle de la vertu ; car alors les deux amis étant constants, comme ils le sont déjà par

��tendre qu'on suppose la liaison anté- voir tous les jours la confirmation de

rieure. ce que dit ici Aristotc.

§ h. L'amitié. Il faut se rappeler § 5. Il semble qu'aimer. Et non

ce qui a été dit plus haut sur le sens pas être aimé. — Par conséquent.

lrès-larp;e dans lequel on doit prendre L'idée est fort juste ; mais on peut

le mot d'amitié. Il aurait peut-être trouver que logiquement la consé-

mieux valu dans ce passage tra- quence n'est pas très-rigoureuse,

duire : « l'amour » . — Ayant dû ^ G. Leur estime mutuelle les rend

abandonner leurs enfants. On peut égaux. Pensée (rès-délicate et très-

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